Polémique à Air France après la mort d’un clandestin
Un pilote d’Air France, prévenu qu’un clandestin se trouvait peut-être dans le train d’atterrissage de son avion plus d’une heure après son départ de Brazzaville, a poursuivi son vol jusqu’à Roissy. Le corps sans vie du clandestin a été retrouvé à l’arrivée.
Les faits remontent au 10 octobre, mais n’ont été rendus publics que jeudi. Prévenu par l ‘aéroport de Brazzaville de la probable présence d'un clandestin dans le train d'atterrissage de son Airbus A330, une heure vingt après avoir décollé du Congo, un pilote d'Air France a continué à voler plus de six heures pour atterrir à Roissy, où l'Africain a été retrouvé mort. Deux enquêtes ont immédiatement été ouvertes : une confiée à la gendarmerie des transports aériens et une interne à Air France, comme il est d'usage en cas d'incident grave.
Dans la plupart des cas, les passagers cachés dans le train d'atterrissage d'un vol long courrier meurent de froid ou d'asphyxie. Leur corps tombe souvent à l'approche des aéroports, à l'ouverture du train. Les températures descendent à -50°C entre 9.000 et 10.000 mètres, altitude à laquelle volent les avions de ligne. Les logements de train d'atterrissage ne sont ni chauffés, ni pressurisés.
"Si cela m'arrivais, je tenterais d'atterrir"
Néanmoins, dans de rares cas, des cas de survie sont constatés. En décembre 2002, un Cubain d'une vingtaine d'années a bravé le froid dans le train d'atterrisage d'un DC-10 de la compagnie cubaine qui assurait la liaison La Havane-Montréal, où il est arrivé vivant bien qu'en hypothermie.
Un pilote d'Air France qui a requis l’anonymat s'est déclaré "choqué" que l'avion ne se soit posé qu'au terme prévu de son vol. "Si cela m'arrivais, je tenterais d'atterrir en me disant que rien n'est moins sûr qu'il soit mort", a-t-il expliqué. Mais selon un autre qui a aussi tenu à rester anonyme, "le commandant de bord a dû juger l'information trop frêle pour se poser. Et puis l'Afrique, ce n'est pas comme la France, il faut pouvoir se poser en pleine nuit, se ravitailler en carburant, avoir la bonne météo". "Aucun règlement ne dit ce que doit faire un pilote" dans ce cas, indique pour sa part Pierre-Jean Loisel, vice-président du SNPNAC (Syndicat National des Personnels Navigants de l'Aviation Civile), interrogé par LCI. La logique veut qu’il contacte les autorités aéroportuaires, mais rien ne précise s’il doit atterrir ou poursuivre sa route. Pierre-Jean Loisel estime cependant que le pilote en cause "aurait dû se poser tout de suite".
LCI